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LE DOCTEUR.- Il faut que tu sois bien mal appris, bien lourdaud, et bien mal morigéné [2] , mon ami, puisque tu m’abordes sans ôter ton chapeau, sans observer rationem loci, temporis et personæ [3] . Quoi ? débuter d’abord par un discours mal digéré, au lieu de dire : Salve, vel salvus sis, Doctor, Doctorum eruditissime [4] ! Hé ! pour qui me prends-tu, mon ami ?
LE BARBOUILLÉ.- Ma foi, excusez-moi : c’est que j’avais l’esprit en écharpe [5] , et je ne songeais pas à ce que je faisais ; mais je sais bien que vous êtes galant homme.
LE DOCTEUR.- Sais-tu bien d’où vient le mot de galant homme ?
LE BARBOUILLÉ.- Qu’il vienne de Villejuif ou d’Aubervilliers, je ne m’en soucie guère [6] .
LE DOCTEUR.- Sache que le mot de galant homme vient d’élégant ; prenant le g et l’a de la dernière syllabe, cela fait ga, et puis prenant l, ajoutant un a et les deux dernières lettres [7] , cela fait galant, et puis ajoutant homme, cela fait galant homme. Mais encore pour qui me prends-tu ?
LE BARBOUILLÉ.- Je vous prends pour un docteur. Or çà, parlons un peu de l’affaire que je vous veux proposer. Il faut que vous sachiez...
LE DOCTEUR.- Sache auparavant que je ne suis pas seulement un docteur [8] , mais que je suis une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, et dix fois docteur :
1° Parce que, comme l’unité est la base, le fondement, et le premier de tous les nombres, aussi, moi, je suis le premier de tous les docteurs, le docte des doctes.
2° Parce qu’il y a deux facultés nécessaires pour la parfaite connaissance de toutes choses : le sens et l’entendement ; et comme je suis tout sens et tout entendement, je suis deux fois docteur.
LE BARBOUILLÉ.- D’accord. C’est que...
LE DOCTEUR.- 3° Parce que le nombre de trois est celui de la perfection, selon Aristote ; et comme je suis parfait, et que toutes mes productions le sont aussi, je suis trois fois