Afrique
Sylvie Brunel
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Après avoir été présentée comme le continent des faillites, l’Afrique recueille désormais tous les suffrages. La voici promue au rang de futur dragon de la mondialisation. Comme toujours, la réalité doit être nuancée.
Après avoir été vue comme le continent de tous les fléaux (misère, sida, guerres civiles, corruption, etc.), l’Afrique serait-elle enfin en train de décoller ? À l’occasion du cinquantenaire des indépendances, une avalanche d’articles, de dossiers et de livres a paru sur le sujet. Tous annonçaient la bonne nouvelle : l’Afrique va bien. Avec 5 % de croissance économique annuelle en moyenne, elle est entrée depuis le début des années 2000 dans ses trente glorieuses à elle. Des économies désendettées et bien gérées, une classe moyenne en forte croissance, des investissements qui affluent, l’Afrique apparaît désormais comme un continent émergent. Que faut-il penser de ce retournement spectaculaire ? Est-ce un retour à la case départ après deux décennies de convulsions ? Voyons ce qu’il en est vraiment.
En 1962, tout juste décolonisée, l’Afrique paraît un continent d’avenir : peu peuplée, riche en matières premières, on la dit engagée dans la grande marche pour le développement, surtout comparée à une Asie affamée, surpeuplée et secouée de graves tensions. René Dumont est alors l’un des rares à prophétiser qu’elle est mal partie. Il a vu juste : pion entre les deux blocs pendant la guerre froide, théâtre délocalisé des affrontements entre l’Est et l’Ouest, l’Afrique vit sous le joug de dictateurs féroces qui tirent leur légitimité du soutien extérieur dont ils bénéficient. Faute de contre-pouvoirs, elle néglige son agriculture, rendant sa population vulnérable aux sécheresses (1973-1974 particulièrement), engraisse son secteur public au point de le rendre obèse et impotent, vit largement au-dessus de ses moyens. Le temps de ajustement structurel
La première