94 79 1 PB

5600 mots 23 pages
Dossier

Martine Guyot-Bender

Les Belles Images: „Sottisier“, roman prémonitoire ou récit universel?

Lorsqu’un écrivain – philosophe, romancier ou autre – de la notoriété et de la popularité de celles de Simone de Beauvoir dans les années Soixante déclare, comme celle-ci l’a fait au moment de la publication des Belles Images en 1966,1 que son dernier roman est certainement son œuvre la plus littéraire, on peut s’attendre à ce que ce roman soit plébiscité par le public.2 Cependant, l’écriture n’étant pas une science exacte, personne ne peut prédire l’avenir de tel ou tel livre.
Une fois lancé, le texte, comme toute œuvre d’art, échappe forcément à son auteur. Il devient cette entité indépendante dotée d’une vie propre qui répond plus ou moins aux attentes de différents publics, celui à qui il est consciemment ou non destiné mais aussi aux publics successifs qui le suivront. La portée d’un livre dépend ainsi largement de combinaisons complexes et imprévisibles de goûts personnels, de mentalités ou, pour les livres qui s’inscrivent dans une conjoncture particulière comme ce fut le cas pour Les Belles Images, de réactions à l’actualité; et naturellement, toutes ces combinaisons peuvent changer voire s’inverser au fil du temps.
C’est ainsi que le contexte dans lequel Les Belles Images paraît, douze ans après Les Mandarins,3 le dernier en date des romans de Beauvoir, et après des milliers de pages autobiographiques exposant explicitement l’opinion de l’auteur sur la condition des femmes en Occident, a eu un impact déterminant sur sa réception et son avenir. Curieusement, bien ce quatrième roman soit resté sur la liste des best-sellers durant plusieurs semaines il a rapidement glissé hors de l’œuvre que l’on attribue spontanément à l’auteur du Deuxième Sexe.4 Il n’a depuis fait l’objet que de rares travaux critiques et n’est quasiment jamais cité. Les Belles
Images est sans doute LE roman le moins bien aimé de Simone de Beauvoir.5 Ce destin a quelque chose de surprenant

en relation

  • tpe
    1124 mots | 5 pages
  • Tpe pedro almodovar / thierry joncquet la reecriture
    13703 mots | 55 pages
  • Les associations luttant contre tf1
    4932 mots | 20 pages
  • Lettre ouverte manet olympia
    422 mots | 2 pages
  • Richard avedon
    597 mots | 3 pages
  • Presentation_de_deux_nouvelles 2
    469 mots | 2 pages
  • Capsar david friedrich
    265 mots | 2 pages
  • La ferme des animaux - george orwell
    803 mots | 4 pages
  • Poly ThA Me 1 TerminA
    2706 mots | 11 pages
  • Bourdieu Et La Critique De La T L Vision
    1166 mots | 5 pages
  • Est il possible detre moi
    326 mots | 2 pages
  • Commentaire peau d'âne
    1970 mots | 8 pages
  • Henri michaux, une oeuvre d'art doit-elle être déconcertant
    779 mots | 4 pages
  • Le film noir
    860 mots | 4 pages
  • Corpus
    327 mots | 2 pages