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Les enjeux de l'adaptation en traduction
Laurence MALINGRET
Universidade de Santiago de Compostela
Real, E., Jiménez, D., Pujante, D. y Cortijo, A. (eds.), Écrire, traduire et représenter la fête, Universitat de València, 2001, pp. 791-798, I.S.B.N.: 84-370-5141-X.
Il est difficile, voire impossible, de tracer une ligne de démarcation nette entre la traduction et l'adaptation, processus qui d'ailleurs ne sont nullement incompatibles. En effet, ce sont deux opérations qui visent à établir un acte de communication original ( car créé dans – et pour – un système linguistique et culturel distinct ) et supposent une interprétation. Nous pouvons d'ailleurs considérer que l'adaptation est une forme de traduction. Georges L. Bastin en donne la définition suivante :
L'adaptation est le processus, créateur et nécessaire, d'expression d'un sens général visant à rétablir, dans un acte de parole interlinguistique donné, l'équilibre communicationnel qui aurait été rompu s'il y avait simplement eu traduction.
Ou plus simplement : l'adaptation est le processus d'expression d'un sens visant à rétablir un équilibre communicationnel rompu par la traduction.1
Il est vrai que l'adaptation est avant tout une façon de traduire l'intraduisible
( littéralement s'entend ). Les exemples les plus flagrants et les plus fréquents sont probablement ceux qui se réfèrent au langage. Les jeux de mots, le discours sur la langue, ses particularités, ses difficultés et les erreurs qu'elles impliquent, sont par excellence propices à solliciter l'imagination et le talent d'écrivain du traducteur. Voyons quelques exemples extraits de la traduction par Céline Zins2 du roman de Carlos Fuentes Cristóbal Nonato :3
– Pero está tan solito. Nueve meses solo ¿Con quién se entenderá?
– Con sus mercedes benz. (p. 20)
1 Bastin, G. L., « La notion d'adaptation en traduction », in Meta, XXXVIII, 3, 1993, pp. 473-
478.
2 Fuentes, C., Christophe et son oeuf (trad. C. Zins), Paris,