L'art n'est-il qu'une illusion ?
L’art n’est-il qu’une illusion ?
Le mot « illusion » vient du latin « illudere » qu’on peut traduire par « se jouer de ». Ainsi, l’art se joue-t-il de nous ? Peut-on reprocher à une œuvre d’art de n’être qu’une illusion ? Est-ce l’art qui cherche à nous entretenir dans l’erreur et la fausseté ? Quand on reproche à l’art de produire de l’illusion, on fait référence non pas à l’art au sens de « techné » (technique), de savoir-faire, mais aux œuvres d’art telles qu’elles ont été définies en tant que Beaux-Arts, c’est-à dire comme production humaine ayant pour but la contemplation du beau. Cette contemplation est-elle illusoire au sens où elle ne nous renverrait pas à des objets vrais, conformes à la réalité ? N’y a-t-il pas dans les œuvres d’art et dans l’histoire de l’art des connaissances et des contenus qui nous informent et nous permettent de mieux comprendre l’homme et la manière dont il s’est représenté le monde à travers l’Histoire ? Nous pouvons ainsi nous demander : l’art se joue-t-il de nous, ou au contraire, ne peut-il pas nous faire accéder à la vérité ? Nous tâcherons de répondre en plusieurs parties : en premier lieu, en quoi l’art a été souvent perçu comme imitation de la Nature, une source d’illusion, puis comment l’art pourrait nous donner accès à la vérité, et pour finir, la relation entre l’art et la vie.
Le mot « art » vient de « techné », la technique, qui est à l’origine une production de l’homme pouvant être soit utile soit un objet de contemplation, qui renvoie à une activité désintéressée.
Certains philosophes ont considéré l’art, et plus particulièrement la peinture, comme une simple imitation de la réalité, une pratique mensongère : par exemple, Platon, dans La République , dénonce cet art : « L’imitation est donc loin du vrai. (…) Le peintre, dirons-nous par exemple, nous représentera un cordonnier, un charpentier ou tout autre artisan sans avoir aucune connaissance de leur métier ; et cependant, s’il