Société militaire privée
Mercenaires et auxiliaires d’hier et d’aujourd’hui
sous la direction de Jean-Jacques Roche
INTRODUCTION La privatisation de la sécurité comme norme internationale Les mercenaires d’aujourd’hui seront-ils les casques bleus de demain ? La question mérite désormais d’être posée. En 1998, le Secrétaire général des Nations unies reconnaissait avoir envisagé la possibilité de faire appel à des sociétés militaires privées (SMP) pour assurer la sécurité des camps de réfugiés de Goma. Cinq ans plus tard, le même Kofi Annan exerça un chantage auprès du gouvernement français en lui demandant d’assurer le commandement d’une opération multinationale dans l’Est du Congo, faute de quoi il serait dans l’obligation d’accepter les services que lui proposait l’International Peace Operation Association, consortium de sociétés militaires privées américaines. En 2002, Enrique Bernales Ballesteros, le rapporteur du Comité spécial des Nations unies chargé d’examiner la question de l’utilisation de mercenaires, pouvait encore considérer que leurs activités violaient les droits de l’homme et empêchait l’exercice du droit des peuples à l’autodétermination. Six ans plus tard, le Groupe de travail des Nations unies sur l’utilisation de mercenaires soulignait à l’issue de sa troisième session la nécessité de «créer de nouvelles normes juridiques internationales afin de réguler les activités de mercenaires et des compagnies privées de sécurité militaire». Les modernes « contractors » retrouvent ainsi leurs origines quand les « auxiliaires » et autres Suisses de Machiavel étaient recrutés par condotta (contrat) et conduits par un condottiere. Les entreprises qui les emploient n’ont plus que de très lointains rapports avec les « chiens de guerre » de la décolonisation. Ceux-ci sont en effet morts et ont été remplacés dans un premier temps par des sociétés créées par