Philo
ou Pourquoi faut-il préférer la vérité à l'erreur ? (La raison et le réel, La vérité, La démonstration)
Introduction
Dans la langue courante, on qualifie de "vrais" ou de "faux" aussi bien des énoncés que des choses, des événements, des situations, etc. Dans tous les cas, ces qualifications renvoient aux idées de concordance et de non-concordance, d'adéquation et de non-adéquation, de conformité et de non-conformité. Mais peut-on qualifier une chose de vraie (ou de fausse) comme on l'affirme d'un énoncé ? Dire de perles, par exemple, qu'elles sont fausses, cela veut dire que ce ne sont pas de "vraies" perles, mais qu'au contraire, ce sont des imitations (elles veulent ressembler à des perles). Mais ce qui est vrai (ou faux) alors, c'est le jugement porté sur l'objet, la proposition ("ce sont des perles"), non l'objet lui-même. Il ne faut donc pas confondre vérité et réalité : les objets ne sont ni vrais ni faux, ils sont. Aussi, à proprement parler, seul un énoncé, un jugement, une idée, peut être vrai ou faux.
C'est ce que supposait déjà la définition traditionnelle de la vérité : "Veritas est adaequatio rei et intellectus", "La vérité est l'adéquation de la chose et de l'intelligence". Cela signifie qu'il doit exister un rapport entre ce que nous concevons et la réalité, mais quel est ce rapport ? Ce n'est pas un rapport d'identité car, à l'évidence, les mots que comprend une proposition vraie ne sont pas les choses. C'est bien plus un rapport de représentation, mais le statut de cette représentation est problématique. Avant de le comprendre il va être nécessaire d'interroger l'idée de vérité.
Dans son traité De l'esprit géométrique, Pascal définit :
les "trois principaux objets dans l'étude de la vérité : l'un de la découvrir quand on la recherche ; l'autre de la démontrer quand on la possède ; le dernier de la discerner d'avec le faux quand on l'examine".
Ces trois exigences laissent apparaître la problématique