Les relations entre chouraqui et ben barka
Débuts des relations secrètes entre le Maroc et Israël
YIGAL BIN-NUN
Publié dans Perspectives 12
Revue de l’Université Hébraïque de Jérusalem, Editions Magnes 2008, pp. 169-204
Après l’extermination des Juifs d’Europe lors de la shoah, le judaïsme nord-africain, et la communauté juive marocaine en particulier, devinrent le réservoir principal de sauvegarde du judaïsme traditionnel. Pour les organismes israéliens, il ne suffisait pas de proclamer officiellement la création d’un état, il fallait aussi peupler un pays dont la population juive ne dépassait pas 750 000 habitants. C’est pour cette raison que plusieurs organisations juives internationales, ainsi que diverses institutions israélien-nes, s’acharnèrent à faire évacuer les Juifs du Maroc coûte que coûte. Afin d’inciter les autorités marocaines à permettre le départ des Juifs ou à sauvegarder leurs droits, les Israéliens envoyèrent au Maroc des dizaines d’émissaires pour convaincre l’opinion publique mondiale du sort de la communauté juive, privée de passeports. La liste de ces envoyés est diversifiée, on y trouve des journalistes, des hommes d’affaires, des rabbins et des dirigeants d’organismes juifs comme le Congrès Juif Mondial (CJM), l’Alliance Israélite Universelle (AIU) et l’American Jewish Committee (AJC), Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS), sans compter les agents de la Misgeret arrivés clandestinement au Maroc. Ainsi, séjournèrent au Maroc entre 1956 et 1961, des envoyés mandatés pour la plupart par l’ambassade d’Israël à Paris, comme Rose Halperin, le rabbin B. M. Kaspar, le rabbin Sharfman, Marcel Stein, Wolfgang Bertholtz, Maurice Carr, Ruth Gruber, Seymour Rubin, Herbert Friedman, Marcel Franco, Théo Ben Nahum, Hal Lehrman, Frank Gervasi, Akiva Levinski, Zachariah Schuster, Abraham Karlikov, Charles Jordan, Herbert Schatzki, James Rice, Alexandre Easterman, Gerhart Riegner, Maurice Perlzweig, Henry Monneray, René Cassin, Jules Brunshwig. Mais de toutes ces