La société des nations
La Société des Nations est étroitement liée au contexte de sa création. La Grande Guerre a donc imprégné la création de l’organisation internationale. Dans un même ordre d’idées, nous pourrions dire que l’historiographie de la Société des Nations s’inscrit dans l’historiographie plus large de la Grande Guerre. Les auteurs s’accordent sur le fait que la Grande Guerre a constitué une rupture par rapport aux conflits et aux guerres qui l’ont précédée. Elle était «perçue comme une aberration»3 à cause de sa brutalité. C’est, justement, cette rupture qui aurait amené la création d’un ordre mondial.
Vice-président du Centre de recherche de l’Historial de Péronne, Stéphane Audoin-Rouzeau est un historien dont la spécialité est la Grande Guerre4. Sa collègue, Annette Becker, est professeure d’histoire contemporaine à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense5. Ses travaux portent sur «[les] violences extrêmes et [les] cultures de guerre»6. Dans l’extrait La bataille, le combat, la violence, une histoire nécessaire de leur ouvrage 14-18, retrouver la guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker soutiennent que la Grande Guerre a constitué une véritable rupture par la violence qui y a été déployée. Avec la Première Guerre mondiale serait apparu un niveau de violence jamais égalé. Cette violence générale se serait exercée entre les combattants, mais elle touchait également les prisonniers et les civils7. Ce premier conflit mondial constituait donc une rupture importante7. Cette brutalisation se voit dans le bilan des morts, des blessés et des soldats atteints de troubles psychologiques. La guerre aurait fait de neuf à dix millions de morts, presque tous des soldats8. Ces nombres, transformés en pertes journalières, montrent l’ampleur du bilan et ils permettent de comparer la mortalité au combat pendant les différents conflits qui ont secoué les XIXe et XXe siècles. La mortalité au combat aurait été plus importante lors de la Première