Au lendemain de la crise de Fachoda (1898), la France, sous l'impulsion de Delcassé, nommé ministre des Affaires étrangères, donne une nouvelle orientation à sa politique extérieure. Delcassé entend dissiper une «atmosphère de méfiance et de soupçon» et «régler équitablement les différends». Il resserre ainsi l'alliance franco-russe, réconcilie la France et l'Italie, et annonce un rapprochement avec la Grande-Bretagne qui débouche sur les accords du 8 avril 1904 et une nouvelle «Entente cordiale». A la faveur de ces succès diplomatiques, la France est autorisée à établir son protectorat sur le Maroc de concert avec l'Espagne. Mais, à deux reprises, cette prétention va se heurter à l'opposition de l'Allemagne.
La première crise éclate en 1905. A la faveur de la guerre en Extrême-Orient qui paralyse la Russie, Guillaume Il effectue, le 31 mars, une visite tapageuse à Tanger où il se déclare résolu à sauvegarder l'indépendance de l'empire chérifien. Cette démonstration provoque une tension au sein du gouvernement français. Inquiet de la menace allemande, le président du Conseil, Rouvier, oblige Delcassé .à démissionner. Toutefois, une conférence internationale réunie à Algésiras conduit, en avril 1906, à un compromis sur le problème marocain. Si la souveraineté du sultan est réaffirmée ainsi que le principe de la liberté commerciale, la police des ports est confiée à des cadres franco-espagnols et les capitaux français détiennent la, majorité dans la Banque d'Etat du Maroc. Au cours de la conférence, l'Allemagne s'est trouvée isolée.
Cinq ans plus tard, Guillaume II revient à la charge. A la suite de l'arrivée de troupes françaises à Fez pour protéger des ressortissants européens, l'Allemagne proteste contre cette violation de l'accord d'Algésiras et envoie devant Agadir la canonnière Panther Guillet 1911), suivie du croiseur Berlin. La manœuvre a pour but de prouver que la France manque d'appuis solides en Europe et que le Reich doit présider aux destinées du