Juillet
Seul Julien, avec un cri de victoire, en profita pour faire débouler l'énorme tour de blocs colorés que lui et Catherine venaient d'édifier.
C'est, dirait-on, le bruit des blocs qui déclenche l'action: David et Simon partent du même coin et en même temps pour répondre et, voyant l'autre, s'arrêtent aussitôt tous les deux. Le téléphone, lui, continue à sonner. Finalement, David y va.
Catherine refait songeusement une nouvelle tour. Simon la regarde faire sans oser s'approcher. Ils n'ont échangé que des banalités depuis la cuisine. Ils savent parfaitement à quoi s'en tenir sur l'ampleur de leur désir, mais ils ignorent absolument quoi faire de cette science. La proximité, le silence, tout est dangereux, menaçant, porteur de risque. Ils n'osent même plus se regarder, comme si leurs yeux les déshabillaient tout à coup.
— C'est maman. Elle est arrivée. Qui va la chercher?
— Ma-man... répète Julien enthousiaste, qui montre sa mère. A part Julien, ils ne sont pas chauds, chauds à l'idée de partir. Pour Catherine, c'est hors de question avec sa bouche blessée qui vire doucement au bleu et sur laquelle une croûte assez disgracieuse se forme.
L'idée de demeurer seul avec Catherine n'enchante ni Simon ni David, et ce, pour des raisons qui, bien que diamétralement opposées, n'en sont pas moins puissantes.
Les deux hommes disent en même temps: «Je peux y aller.» Julien répète un «Ma-man» enchanté en montrant la bouche de Catherine qui, depuis son réveil, ne cesse de le fasciner. Il tend son doigt encore une fois et clame son savoir, malgré le malaise général: «Bobo... maman bobo», suivi d'une explication beaucoup plus confuse. Ils se regardent tous les trois comme des complices obligés. David propose: «Je peux emmener Julien.» rester vraiment seule avec Simon: «Non, non, Julien