harmonie
Pour chanter dans le ciel l'hymne naissant du jour;
Toi qui donnas son âme et son gosier sonore
A l'oiseau que le soir entend gémir d'amour;
Toi qui dis aux forêts : Répondez au zéphire !
Aux ruisseaux : Murmurez d'harmonieux accords;
Aux torrents : Mugissez; à la brise : Soupire !
À l'océan : Gémis en mourant sur tes bords !
Et moi, Seigneur, aussi, pour chanter tes merveilles,
Tu m'as donné dans l'âme une seconde voix
Plus pure que la voix qui parle à nos oreilles,
Plus forte que les vents, les ondes et les bois !
Les cieux l'appellent Grâce, et les hommes Génie;
C'est un souffle affaibli des bardes d'Israël,
Un écho dans mon sein, qui change en harmonie
Le retentissement de ce monde mortel !
Mais c'est surtout ton nom, ô roi de la nature,
Qui fait vibrer en moi cet instrument divin;
Quand j'invoque ce nom, mon cœur plein de murmure
Résonne comme un temple où l'on chante sans fin !
Comme un temple rempli de voix et de prières,
Où d'échos en échos le son roule aux autels;
Eh quoi ! Seigneur, ce bronze, et ce marbre, et ces pierres
Retentiraient-ils mieux que le cœur des mortels ?
Non, mon Dieu, non, mon Dieu, grâce à mon saint partage
Je n'ai point entendu monter jamais vers toi
D'accords plus pénétrants, de plus divin langage,
Que ces concerts muets qui s'élèvent en moi !
Mais la parole manque à ce brûlant délire,
Pour contenir ce feu tous les mots sont glacés;
Eh ! qu'importe, Seigneur, la parole à ma lyre?
Je l'entends, il suffit; tu réponds, c'est assez !
Don sacré du Dieu qui m'enflamme,
Harpe qui fais trembler mes doigts,
Sois toujours le cri de mon âme,
À Dieu seul rapporte ma voix;
Je frémis d'amour et de crainte
Quand, pour toucher ta corde sainte,
Son esprit daigna me choisir !
Moi, devant lui moins que poussière,
Moi, dont jusqu'alors l'âme entière
N'était que silence et désir !
Hélas ! et j'en rougis encore,