Goya attaque de la diligence
«Je n'avais que deux ans, lui dis-je, quand (mes parents) ont été assassinés par des voleurs qui arrêtèrent un carrosse de voiture (1) où ils étaient avec moi» Marivaux: La Vie de Marianne - 1741.
Goya en un grand tableau de 1,70m de hauteur présente une scène de genre (2) intitulée: «L'Attaque de la diligence », dans un extérieur diurne, un paysage de campagne verdoyante (forêt et clairière), dominé par un ciel bleu immense, troué par un nuage blanc chargé de mystère. Nous sommes loin des scènes champêtres gaies et enlevées des premiers cartons de tapisserie, œuvres de commande (comme dans Le Parasol de 1776-78) et par le sujet choisi plus proche de la réalité du fait divers (3) ou de la fiction du roman picaresque. A l'arrière plan, le carrosse public vert, à liséré d'or, à trois chevaux est immobilisé, bouchant le chemin ... et la perspective. Juché à la place du cocher (ce que confirme un "autre tableau de Goya: Le Vendeur de vaisselle de 1779 qui présente un carrosse de même type, mais cette fois dans une scène urbaine), un personnage armé - le chef de bande (?) - domine la scène à ses pieds, tout en faisant le guet, le visage serein, le seul ostensiblement tourné vers nous. Au centre du tableau, à terre, un groupe savamment disposé en étoile : aux deux extrémités, deux corps étendus morts, l'un (vu ses vêtements : un domestique ou le cocher) sur le dos (à gauche), tandis que l'autre (à droite) repose sur le ventre dans l'autre sens (formant ainsi une composition en chiasme) : ce gentilhomme à l'habit rouge, (un officier?) reconnaissable à son épée encore à la main a dû résister un temps... Au premier plan, l'un des malandrins tient en joue les deux malheureux voyageurs survivants, tandis que l'autre s'apprête calmement à les ligoter : ce couple richement vêtu implore leur pitié à deux genoux, et à grands gestes (gestuelle