En premier lieu, le système aurait été inconcevable sans le développement antérieur des machines-outils assurant une standardisation des composants, sur le modèle de l’usine d’armes par lequel se manifeste la montée en régime du système américain par opposition à la manufacture anglaise. Mais la standardisation des composants n’est pas une condition suffisante puisque le montage de voitures automobiles par des ouvriers non professionnels ne peut intervenir que si disparaît le travail à façon et que la précision des pièces est telle qu’aucune retouche n’est nécessaire. À son tour cet impératif est satisfait à l’issue des effort de Winsley Taylor sur les machines outils à coupe rapide, ainsi que les avancées en matière d’aciers spéciaux. L’interchangeabilité absolue, sur laquelle Henry Ford insistait tant, autorise donc une extrême simplification des tâches de montage, ce qui permet tout à la fois de recruter une main-d’oeuvre moins qualifiée et d’envisager des gains en temps considérables par rapport au modèle dit artisanal . Encore fallait-il que la disposition de la succession des machines-outils soit repensée en fonction de l’optimisation du temps d’utilisation, des temps de transport, du niveau des stocks tampons. C’est là qu’intervient la décision de concevoir une usine organisée selon une séquence logique de succession des opérations et non plus de spécialisation des machines. La question posée était alors celle du transfert d’un poste de travail à un autre. C’est dans ce contexte qu’intervient la référence aux industries alimentaires et tout particulièrement aux abattoirs: paradoxalement l’idée de la ligne d’assemblage vient de l’observation du “désassemblage” qui intervient de longue date dans les abattoirs. Il est d’ailleurs significatif que l’on ait du mal à dater avec précision la naissance de la ligne mobile : elle commence d’abord par le montage des magnétos, puis semble s’étendre aux diverses composantes (alésage du bloc-moteur, montage de l’axe