Cours : mémoire de la guerre
1 les deux mémoires résistantes
Ce sont celles qui ont d’abord été écoutées et cela se comprend, les Résistants apparaissent comme des héros, auxquels on peut s’identifier. Ils mettent en exergue les valeurs ou motivations de leurs actes : le patriotisme, un combat pour la dignité humaine, l’héroïsme d’une jeunesse rebelle prête à l’action clandestine. Pourtant, cette mémoire hégémonique n’est pas reçue sans réserve. Le résistant, par son témoignage, rappelle la division des Français pendant la guerre, renvoie l’opinion à son attitude pendant les années noires : n’oublions pas le succès du maréchalisme en 1940-1941.
Deux mémoires se distinguent : a La mémoire gaulliste Le Général de Gaulle définit la nature de son pouvoir :
« La légitimité que [Pétain] prétend incarner, le Gouvernement de la république la lui dénie absolument […] en raison du fait qu’il a accepté l’asservissement de la France, pratiqué la collaboration officielle avec l’envahisseur, ordonné de combattre les soldats français et alliés de la Libération […]. Or, il ne peut y avoir de gouvernement français légitime qui ait cessé d’être indépendant […].
Un appel venu du fond de l’histoire, ensuite l’instinct du pays m’ont amené à […] assumer la souveraineté française. C’est moi qui détiens la légitimité. C’est en son nom que je puis appeler la nation à la guerre et à l’unité, imposer l’ordre, la loi, la justice, exiger au-dehors le respect des droits de la France. Dans ce domaine, je ne saurai le moins du monde renoncer, ni même transiger. » C’est donc la demande d’armistice qui disqualifie Pétain et Vichy selon de Gaulle : « il a accepté l’asservissement de la France » ; rappelons que la collaboration était presque implicite dans les clauses de l’armistice. Plus simplement, il était dans le mauvais camp : « ordonné de combattre les soldats français et alliés de la Libération ». La légitimité est consubstantielle à l’indépendance nationale