corpus rabelais
(TD1)
[Rabelais expose dans ses œuvres ses nouvelles idées à caractère humaniste et prône la réforme de beaucoup de valeurs, comme dans cet extrait, qui est en fait une lettre de Gargantua destinée à son fils
Pantagruel, parti étudier à Paris…]
Très cher fils, [...] Maintenant toutes les disciplines sont restaurées, l’étude des langues renouvelée : le grec, sans lequel c’est une honte que quelqu’un se dise savant, l’hébreu, le chaldéen, le latin. (…) Le monde est si plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de très grandes bibliothèques, qu’il m’est avis que ni au temps de Platon, ni de Cicéron, ni de Papinien, il n’y avait une telle commodité d’étude qu’il y a maintenant. Je vois les brigands, les bourreaux, les aventuriers, les palefreniers de maintenant plus doctes que les docteurs et les prêcheurs de mon temps. (…)
Donc mon fils je t’exhorte à employer ta jeunesse à bien profiter en étude. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Epistémon ; les deux peuvent t’éduquer, l’un par de vives et vocales instructions, l’autre par de louables exemples. J’entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement. Premièrement le grec comme le veut Quintilien. Ensuite le latin. Et puis l’hébreu pour les saintes lettres, et le chaldéen et l’arabe de même : et que tu formes ton style, quant à la grecque, à l’imitation de Platon, quant à la Latine, sur Cicéron. Qu’il n’y ait aucune histoire que tu ne tiennes présente en ta mémoire, ce à quoi t’aidera la Cosmographie de ceux qui ont écrit sur ce sujet.
Les arts libéraux, géométrie, arithmétique, et musique, je t’en donnai quelque goût quand tu étais encore petit à l’âge de cinq à six ans : poursuis le reste, et connais toutes les lois de l’astronomie ; laisse moi l’astrologie divinatoire, et l’art de Lullius car ils sont erronés et creux. Du Droit Civil je veux que tu saches par cœur les beaux textes, et que tu me