consolidation democratique
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T C
À
C H A N G E R
JEAN-MICHEL BLANQUER
C O N S O L I D AT I O N
D É M O C R AT I Q U E ?
POUR UNE APPROCHE
CONSTITUTIONNELLE
L
en Amérique latine a souvent été perçu selon deux approches alternatives : l’analyse cyclique ou l’analyse linéaire. La première est plutôt dominante. Se référant à deux siècles d’histoire politique, elle considère que la région est soumise à un mouvement de balancier entre autoritarisme et démocratie. Faute de stabilisation des systèmes politiques, il y aurait alternance non pas à l’intérieur des systèmes mais entre les systèmes. Par exemple, à la démocratisation péruvienne des années quatre-vingt aurait succédé tout naturellement une décennie autoritaire avec le fujimorisme.
Inversement, l’approche linéaire, en relation ou non avec l’idée d’un sens de l’Histoire, s’intéresse aux étapes de la construction démocratique en Amérique latine et, sans ignorer la succession alternée des régimes, la comprend davantage comme une avancée dialectique dont la dernière vague démocratique serait un certain aboutissement. Par exemple, l’élection du président Fox en 2000 marquerait le passage réussi du Mexique vers une nouvelle étape de la démocratie, après près d’un siècle d’un ordre politique issu de la Révolution mexicaine, qui elle-même représentait un progrès par rapport à l’ordre antérieur.
La considération de ces deux approches permet déjà de souligner que l’Amérique latine a connu une histoire très spécifique, si on la compare à d’autres régions du tiers monde, depuis les indépendances survenues au début du XIX e siècle. L’image, commodément entretenue, d’un sous-continent consubstantiellement soumis à la dictature ne rend pas compte en effet de ce que, dès les origines, le principe démocratique a été dominant. Toujours invoqué, parfois appliqué, c’est sa mise en œuvre qui a posé problème plus que sa légitimité. Depuis Bolivar, la notion de «